Paysages de Lune gibbeuse au Celestron 8
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Paysages de Lune gibbeuse au Celestron 8
La Lune reste un inépuisable sujet d'émerveillement et de découvertes, comme en témoignent certaines des images qui vont suivre. J'ai profité des bonnes conditions de ciel de la semaine passée pour imager des régions archi-connues, mais également des régions sur lesquelles je ne m'étais jamais attardé. Retour en image sur trois soirées lunaires.
Jeudi 14 février
Si on excepte l'éclipse de Lune, cette sortie est la première de l'année 2019. En mettant mon setup en route, la monture m'apprend qu'elle n'a pas été utilisée ... depuis le mois d'août. Je n'avais donc rien observé depuis ?
Je m'installe dans mon garage rémois, éclairé par une lune très haute dans le ciel. La mise en station est faite, une petite retouche de collimation, et je lance les acquisitions vidéo sous un ciel calme.
Et pour commencer, un grand classique :
L'immense cratère Clavius bénéficie alors d'une belle lumière rasante, qui fait ressortir les nombreux craterelets à l'intérieur de ses remparts.
En remontant vers le nord, tout près de l'équateur, un autre grand classique, Copernic :
Et cette interrogation : pourquoi lui ai-je infligé un cadre si étriqué ? Il y a pourtant tellement de choses à découvrir tout autour !
Pas très loin de Copernic, nous restons sur des formations lunaires bien connues :
Ptolémée, Alphonse et Azarchel... Incontournables ! J'aime beaucoup Azarchel, avec ses gradins, son joli piton central et sa rima qui serpente sur le bord ouest. Il manque malheureusement quelques poses pour pousser davantage le traitement sans faire monter exagérément le bruit de l'image.
Dernière prise de cette première soirée lunaire, le bord ouest de la Mer des Pluies, avec notamment le cratère Archimèdes et son fond plat:
Un peu plus haut, le très joli cratère Aristillus, avec ses gradins, et ses éjectas, qui témoignent de sa (relative) jeunesse. Et tout en bas, à droite de l'image, serpente Rima Hadley, siège de la Mission Apollo 15.
Le ciel n'est plus aussi calme, les images se dégradent progressivement sous la turbulence. Mais la Lune m'aura offert une reprise sympathique !
Vendredi 15
Le lendemain, le C8 voyage avec moi jusqu'à l'observatoire de Beine-Nauroy. Pas de chance, j'emmène également dans ma valise d'accessoires la turbulence qui avait marqué la fin de soirée, la veille. Elle est même beaucoup plus forte, et transforme Sirius et Arcturus en stroboscopes multicolores. Les choses ne s'annoncent pas forcément bien.
Heureusement, les poses ultra-courtes qu'autorise la caméra permettent de sortir quelques images, et d'apprécier les changements de lumière à la surface de la Lune, en l'espace de 24 heures.
J'offre à Copernic un peu d'espace, qui permet de mieux apprécier les éjectas autour du cratère :
Au nord de Copernic, le petit cratère Gay-Lussac, et, à ses côtés, la fine balafre de Rima Gay-Lussac
Au sud de Copernic, la lumière se lève sur la Mer des Humeurs, selon moi l'une des plus belles régions lunaires :
Cette mer, traversée de nombreux plissements, est bordée, au nord, par le cratère Gassendi et ses nombreuses fractures. Au sud, le cratère Doppelmayer et ses parois à moitié englouties. Et à l'est, les traces concentriques de Rima Hippalus. Enfin, une découverte : au nord d'Hippalus, Agatharchides, un cratère presque aussi vieux que la Lune elle-même, quasiment invisible. Une balafre, Rima Agatharchides, le traverse de part en part.
Je remonte ensuite plein nord, vers la Mer des Pluies ...
... et pour une raison qui, là, tout de suite, m'échappe, j'oublie de redresser l'image ! Platon et son magnifique fond plat est donc normalement à l'est, tandis que le Golfe des Iris est pour sa part, à l'ouest. Notez que je pourrais, là, maintenant, redresser l'image ... mais non : pour une raison que je ne m'explique pas, je préfère la regarder à l'envers.
Dimanche 17
Je retrouve mon parking rémois pour cette troisième session lunaire, sous un ciel beaucoup plus calme. La turbulence fait doucement clignoter Sirius, rien de commun avec l'avant-veille. La Lune est haute, bientôt pleine, et les paysages changent sous cette lumière presque verticale.
Autour de Copernic, les ombres sont désormais inexistantes :
Du coup, je lui offre un large champ , qui permet de mieux visualiser ses éjectas. Un cratère explosif !
Plus près du terminateur, je retrouve le jeune et brillant cratère Aristarque :
A côté d'Aristarque, le cratère Hérodote, dominé par la large vallée de Schröter, qui ondule comme un serpent. D'autres rimae sont visibles sur cette image. Une très belle région !
Je glisse vers le terminateur, et tombe sur le cratère Hevelius :
Le fond du cratère est encore endormi, alors que la lumière rasante commence tout juste à éclairer son piton central. Le cratère Cavalerius, juste au-dessus, est encore complètement dans le noir.
Et nous voilà rendus près du pôle sud, où le cratère Bailly peine à s'extraire du limbe :
C'est l'un des plus grands cratères lunaires. Surtout, il sait jouer avec la libration pour passer d'un côté ou de l'autre de la limite entre face cachée et la face visible. Je te vois, je ne te vois plus. L'une de mes formations lunaires préférées.
Je connais en revanche beaucoup moins bien le cratère Pythagoras ...
... mais comment rester insensible à la vision de ce vertigineux piton central, qui se hisse sur la pointe des pieds pour crever l'obscurité ?
Dernier coup d'oeil de cette longue promenade gibbeuse. Nous sommes un peu en-dessous d'Aristarque. Grimaldi (en haut) et Darwin (en bas), les seuls cratères à peu près identifiables, sont encore plongés dans le noir :
Mais ce qui capte l'oeil, ici, c'est Rima Sirsalis, immense balafre verticale de 300 km. La plus longue rima visible à la surface de la Lune ... et je ne la découvre qu'aujourd'hui ! Quand je vous disais que la Lune réserve des surprises !
Un peu de technique ... Chaque image est le fruit d'une vidéo (de 500 à 2000 images) prise avec une caméra ASI 224. Chaque vidéo est empilée sous AS3! avant que l'image finale ne soit traitée sous Registax6 puis Photoshop. Un enseignement pour l'avenir : faire des vidéos plus longues, encore, toujours plus longues... Et prévoir un disque dur d'appoint.
Jeudi 14 février
Si on excepte l'éclipse de Lune, cette sortie est la première de l'année 2019. En mettant mon setup en route, la monture m'apprend qu'elle n'a pas été utilisée ... depuis le mois d'août. Je n'avais donc rien observé depuis ?
Je m'installe dans mon garage rémois, éclairé par une lune très haute dans le ciel. La mise en station est faite, une petite retouche de collimation, et je lance les acquisitions vidéo sous un ciel calme.
Et pour commencer, un grand classique :
L'immense cratère Clavius bénéficie alors d'une belle lumière rasante, qui fait ressortir les nombreux craterelets à l'intérieur de ses remparts.
En remontant vers le nord, tout près de l'équateur, un autre grand classique, Copernic :
Et cette interrogation : pourquoi lui ai-je infligé un cadre si étriqué ? Il y a pourtant tellement de choses à découvrir tout autour !
Pas très loin de Copernic, nous restons sur des formations lunaires bien connues :
Ptolémée, Alphonse et Azarchel... Incontournables ! J'aime beaucoup Azarchel, avec ses gradins, son joli piton central et sa rima qui serpente sur le bord ouest. Il manque malheureusement quelques poses pour pousser davantage le traitement sans faire monter exagérément le bruit de l'image.
Dernière prise de cette première soirée lunaire, le bord ouest de la Mer des Pluies, avec notamment le cratère Archimèdes et son fond plat:
Un peu plus haut, le très joli cratère Aristillus, avec ses gradins, et ses éjectas, qui témoignent de sa (relative) jeunesse. Et tout en bas, à droite de l'image, serpente Rima Hadley, siège de la Mission Apollo 15.
Le ciel n'est plus aussi calme, les images se dégradent progressivement sous la turbulence. Mais la Lune m'aura offert une reprise sympathique !
Vendredi 15
Le lendemain, le C8 voyage avec moi jusqu'à l'observatoire de Beine-Nauroy. Pas de chance, j'emmène également dans ma valise d'accessoires la turbulence qui avait marqué la fin de soirée, la veille. Elle est même beaucoup plus forte, et transforme Sirius et Arcturus en stroboscopes multicolores. Les choses ne s'annoncent pas forcément bien.
Heureusement, les poses ultra-courtes qu'autorise la caméra permettent de sortir quelques images, et d'apprécier les changements de lumière à la surface de la Lune, en l'espace de 24 heures.
J'offre à Copernic un peu d'espace, qui permet de mieux apprécier les éjectas autour du cratère :
Au nord de Copernic, le petit cratère Gay-Lussac, et, à ses côtés, la fine balafre de Rima Gay-Lussac
Au sud de Copernic, la lumière se lève sur la Mer des Humeurs, selon moi l'une des plus belles régions lunaires :
Cette mer, traversée de nombreux plissements, est bordée, au nord, par le cratère Gassendi et ses nombreuses fractures. Au sud, le cratère Doppelmayer et ses parois à moitié englouties. Et à l'est, les traces concentriques de Rima Hippalus. Enfin, une découverte : au nord d'Hippalus, Agatharchides, un cratère presque aussi vieux que la Lune elle-même, quasiment invisible. Une balafre, Rima Agatharchides, le traverse de part en part.
Je remonte ensuite plein nord, vers la Mer des Pluies ...
... et pour une raison qui, là, tout de suite, m'échappe, j'oublie de redresser l'image ! Platon et son magnifique fond plat est donc normalement à l'est, tandis que le Golfe des Iris est pour sa part, à l'ouest. Notez que je pourrais, là, maintenant, redresser l'image ... mais non : pour une raison que je ne m'explique pas, je préfère la regarder à l'envers.
Dimanche 17
Je retrouve mon parking rémois pour cette troisième session lunaire, sous un ciel beaucoup plus calme. La turbulence fait doucement clignoter Sirius, rien de commun avec l'avant-veille. La Lune est haute, bientôt pleine, et les paysages changent sous cette lumière presque verticale.
Autour de Copernic, les ombres sont désormais inexistantes :
Du coup, je lui offre un large champ , qui permet de mieux visualiser ses éjectas. Un cratère explosif !
Plus près du terminateur, je retrouve le jeune et brillant cratère Aristarque :
A côté d'Aristarque, le cratère Hérodote, dominé par la large vallée de Schröter, qui ondule comme un serpent. D'autres rimae sont visibles sur cette image. Une très belle région !
Je glisse vers le terminateur, et tombe sur le cratère Hevelius :
Le fond du cratère est encore endormi, alors que la lumière rasante commence tout juste à éclairer son piton central. Le cratère Cavalerius, juste au-dessus, est encore complètement dans le noir.
Et nous voilà rendus près du pôle sud, où le cratère Bailly peine à s'extraire du limbe :
C'est l'un des plus grands cratères lunaires. Surtout, il sait jouer avec la libration pour passer d'un côté ou de l'autre de la limite entre face cachée et la face visible. Je te vois, je ne te vois plus. L'une de mes formations lunaires préférées.
Je connais en revanche beaucoup moins bien le cratère Pythagoras ...
... mais comment rester insensible à la vision de ce vertigineux piton central, qui se hisse sur la pointe des pieds pour crever l'obscurité ?
Dernier coup d'oeil de cette longue promenade gibbeuse. Nous sommes un peu en-dessous d'Aristarque. Grimaldi (en haut) et Darwin (en bas), les seuls cratères à peu près identifiables, sont encore plongés dans le noir :
Mais ce qui capte l'oeil, ici, c'est Rima Sirsalis, immense balafre verticale de 300 km. La plus longue rima visible à la surface de la Lune ... et je ne la découvre qu'aujourd'hui ! Quand je vous disais que la Lune réserve des surprises !
Un peu de technique ... Chaque image est le fruit d'une vidéo (de 500 à 2000 images) prise avec une caméra ASI 224. Chaque vidéo est empilée sous AS3! avant que l'image finale ne soit traitée sous Registax6 puis Photoshop. Un enseignement pour l'avenir : faire des vidéos plus longues, encore, toujours plus longues... Et prévoir un disque dur d'appoint.
Benjamin Poupard- Admin
- Messages : 156
Date d'inscription : 08/06/2016
Re: Paysages de Lune gibbeuse au Celestron 8
C'est du super boulot Benjamin, ton croa est incroyablement immersif !
Les images sont toujours aussi saisissantes, et ce joli voyage m'aura permis de réviser ma géographie lunaire, ou plutôt devrais-je dire, ma sélénographie ;-)
Les images sont toujours aussi saisissantes, et ce joli voyage m'aura permis de réviser ma géographie lunaire, ou plutôt devrais-je dire, ma sélénographie ;-)
Hyper Moelleux- Messages : 12
Date d'inscription : 12/12/2017
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